Le financement participatif, ou crowdfunding pour les anglophones, est un sujet sur lequel on nous questionne souvent. « Quelle est votre position par rapport à Kickstarter et les autres sites de ce genre ? » nous demande-t-on, connaissant notre attachement aux boutiques physiques.
Nous sommes conscients que le modèle Kickstarter rend possibles certaines choses inenvisageables sans cela :
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il apporte une trésorerie à une petite structure sans gros moyens,
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il autorise un matériel plus conséquent,
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il permet d’adapter le tirage et le produit lui-même en fonction de la quantité d’acheteurs et de leurs souhaits.
C’est aussi un formidable outil de communication qui fédère une communauté et s’appuie sur les gens déjà convaincus pour entretenir le buzz autour d’un projet.
Un exemple parlant est Les Gens Qui, dont l'éditeur a invité la communauté à proposer des idées de cartes et à voter pour les plus drôles, qu'on retrouve donc dans le jeu aujourd'hui disponible.
Au-delà de ces énormes qualités, le crowdfunding a un défaut de taille : il court-circuite le réseau de distribution, et notamment les boutiques de proximité.
Nous expliquions ici à quel point le rôle de conseil, de sélection, d’organisateurs d’événements, d’ambassadeurs auprès du grand public, etc. des ludicaires est précieux.
Nous trouvons donc dommage que du formidable élan créatif permis par le financement participatif puisse naître un danger pour la pérennité des boutiques. Il représente en effet, pour elles, un manque à gagner, la perte d’une clientèle de connaisseurs dont le budget jeux n’est pas extensible et l’absence en rayon de titres de qualité qu’elles aimeraient pourtant pouvoir conseiller.
Nous pensons qu’il est parfaitement possible de monter un projet en financement participatif sans pénaliser les boutiques :
Voici deux exemples qui vont dans ce sens et que nous connaissons bien puisqu’Atalia y a pris part :
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Pour Tiki, nous avions mis en place un processus pour que les boutiques physiques gagnent de l’argent aussi pour les boîtes achetées directement sur internet. L’idée était de proposer aux pledgeurs* de recevoir le jeu chez un des ludicaires participants à l’initiative, en tant que point relais. Ce qui nous a permis d'optimiser les coûts de transport, en regroupant les livraisons entre elles et avec les commandes Atalia habituelles, et de recréditer les boutiques relais pour ce service.
Concrètement, cela a nécessité un suivi constant et approfondi que nous avions un peu sous-évalué. Même si ce projet n’a pas été pleinement concluant, il nous a beaucoup appris et, forts de cette expérience, nous renouvellerons peut-être le modèle avec quelques aménagements.
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La campagne Dreamscape, plus récente, utilisait une autre méthode, toujours avec cette volonté d'impliquer les boutiques spécialisées. Nous avons réalisé une campagne de précommandes réservées aux ludicaires, leur octroyant les mêmes stretch goals** que les backers*.
Ce système nous a bien plu et nous avons décidé de le proposer à nouveau pour un autre jeu, Venice, en cours de financement au moment où nous écrivons cet article. Vous pouvez consulter la page ici... Cette fois, l’éditeur nous a impliqués dès le lancement de la campagne, pour laquelle nous sommes chargés de l’envoi aux backers francophones.
Et, puisque nous souhaitons que le jeu ait une vie en boutique après la campagne de financement (qui a été atteint en 24h, grâce aux pledgeurs américains, principalement), nous n’avons presque pas fait de communication pour pousser les Français et les Belges à y participer et à acheter leur jeu en direct. Nous n’avons pas traduit la page ni fait de vidéo en français.
Ainsi, tout le monde pourra trouver son compte. Ceux qui sont à même d’en saisir le potentiel sans y avoir joué aideront au financement du jeu et, pour cela, profiteront de prix relativement avantageux et pourront avoir leur boîte un mois avant. Tous ceux qui ont besoin de tester le produit ou qui n’ont pas envie d’attendre des mois pour jouer aux jeux qu’ils achètent pourront quand même l’avoir, stretch goals compris, mais à condition de l’acquérir dans une boutique qui aura pré-commandé. Ces dernières pourront bénéficier des ventes qui, dans autres conditions les auraient court-circuité, et pourront aussi fidéliser leur clientèle en se montrant à même de leur conseiller un jeu qu’on ne trouvera peut-être pas partout et, surtout, pas forcement avec les goodies exclusifs.
Si le financement participatif est un réel concurrent pour nous, acteurs du réseau de distribution, il ne tient qu’à nous d’en faire un outil, d’en utiliser les points forts pour mettre les nôtres en avant.
** stretch goals désigne ittéralement, des objectifs et, par extension, les récompenses offertes pour l'atteinte de ces objectifs.
1Commentaires
Bonjour,
Je suis le gérant du magasin SORTILEGES DE LA ROCHELLE et je me permets de vous contacter puisque j'ai 2 clients qui mon informé de leur envie d'acheter le jeu VENICE via ma boutique donc je voudrais savoir si une offre est prévu pour des boutiques